[n° ou bulletin]
Titre : |
39 - 2016 - Eduquer à l'entrepreneuriat |
Type de document : |
texte imprimé |
Année de publication : |
2016 |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
01. Formation:70. publics:1. formation des adultes:stagiaire 03. Acquisition des connaissances:30. apprentissage:6. accompagnement 03. Acquisition des connaissances:50. méthodes d'apprentissage:3. auto-apprentissage autoformation
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Mots-clés : |
entrepreneuriat accompagnement stagiaires formateur autoformation |
Résumé : |
L’entrepreneuriat et son corollaire, la formation à l’esprit d’entreprendre, relèvent de préoccupations qui ont pris de plus en plus d’importance depuis les années 1980. Ces préoccupations entendaient à l’époque constituer une réponse sociale au chômage croissant. À travers elles, Caroline Verzat et Olivier Toutain nous proposent ici une Note de synthèse qui nous introduit dans un nouveau champ professionnel et disciplinaire, grâce leur large expertise expérientielle et documentaire, comme peut en témoigner la bibliographie qui clôt la Note. Parcourir le texte qui nous est proposé ci-après c’est pour le lecteur, pénétrer dans un espace organisé à travers la rencontre de thématiques qui s’entrecroisent, telles l’accompagnement à la création d’entreprises, le soutien aux porteurs de projets, la formation des adultes à l’entrepreneuriat, l’entraînement à l’esprit d’entreprendre.
Certes, comme le montre très bien ce texte, la culture de l’entrepreneuriat, prend ses racines bien avant les années 1980, dans ce XVIIIe siècle qui voit éclore les premières implantations industrielles : l’entrepreneur alors dénommé entreprendeur est désigné comme celui qui édifie un ouvrage ; il dénote par là une capacité à se procurer les moyens nécessaires pour mener à bien son entreprise en affrontant l’incertitude des gains. À cette époque des Lumières, J.-B. Say, à la fois entrepreneur dans la fabrication du coton et économiste, va souligner que l’entrepreneur d’industrie se veut créateur pour son propre compte d’un produit, mais à ses risques. L’entrepreneur influe par ses compétences et sa personnalité sur la création du profit en générant de la valeur dans la société. Mais il n’agit pas sans moyens : il se saisit des connaissances nouvelles produites dans le champ de l’éducation.
C. Verzat et O. Toutain dans l’historique qu’ils consacrent à l’entrepreneuriat montrent comment le XIXe siècle des années 1850-1880 va constituer une éclipse dans le développement de l’entrepreneuriat : l’entrepreneur devient invisible, mis à l’ombre par le détenteur de capital soucieux de son exploitation, que les économistes A. Smith et K. Marx vont chercher à mettre en scène. Il faudra attendre le premier tiers du XXe siècle pour voir réapparaître, avec J.A. Schumpeter, l’entrepreneur placé au centre du processus d’innovation et de sa logique paradoxale de destruction créatrice, typique alors du comportement entrepreneurial.
C’est à partir des années 1960 que la discipline scientifique de l’entrepreneuriat se construit autour des comportements spécifiques des entre- preneurs et s’autonomise dans les sciences économiques, s’efforçant de mettre en évidence la complexité du phénomène entrepreneurial. Les années 1980 et les crises qu’elles révèlent de l’emploi, de la croissance, de la plus-value ne vont que renforcer l’actualité de l’impératif entrepreneurial. Avec les premières années du XXIe siècle, nous assistons à une intensification des références à l’entrepreneuriat et à son éducation. L’économiste W. Busenitz avec ses collègues, à partir d’une revue de la littérature sur la question dégage d’ailleurs dans ces mêmes années quatre grands paradigmes ou domaines conceptuels structurant cet entrepreneuriat, les modes d’organisation, les opportunités, les environnements, les individus et équipes.
Dans ce contexte on peut mesurer l’amplitude du champ éducatif cou- vert par l’impératif apprendre à entreprendre et les auteurs de la Note nous y aident amplement, qui identifient quatre principes pédagogiques fédérateurs à partir de la littérature produite sur la question : l’apprentissage expérientiel, la responsabilisation, l’apprentissage collaboratif, la réflexivité. Ces quatre principes contribuent à définir l’esprit d’entreprendre qui, face à l’engouement actuel, suppose des prérequis comportementaux pour ancrer l’entrepreneur dans une attitude critique, prérequis de la remise en question permanente, de l’ouverture aux opportunités, du sens de la collaboration, qui sont à la base de tout projet entrepreneurial.
À toutes celles et à tous ceux intéressés par la question de l’entrepreneuriat et de son éducation, nous ne pouvons que recommander la lecture d’un texte appuyé sur une solide expertise et une documentation fournie. Faisant suite à ce texte dans la livraison de ce numéro 39 de Savoirs, deux articles de recherche sont publiés, l’un de Benjamin Saccomanno, l’autre de Sophie Pécaud et Marc Nagels. L’article de B. Saccomano, intitulé Modes d’enseignement des stagiaires aux prises des représentations des formateurs s’intéresse aux formateurs de l’AFPA qui en encadrant des cohortes de stagiaires et pour comprendre leur présence en formation mobilisent des modèles interprétatifs à travers lesquels ils cherchent à identifier la nature des engagements de leurs stagiaires. Des figures archétypales de stagiaires issues des représentations des formateurs sont alors dégagées par le croisement de deux variables dichotomiques, l’appréciation de l’autonomie d’une part, et l’identification d’un projet sous-jacent de l’autre. Ces figures archétypales synthétisent l’appréciation des formateurs. Elles servent à évaluer les engagements de ces stagiaires en formation : elles
vont du stagiaire consommateur au stagiaire engagé, en passant par le stagiaire au chaud et le stagiaire adressé. Dans l’article de S. Pécaud et M. Nagels portant sur L’autoformation comme activité, l’autoformation est approchée sous l’angle des stratégies cognitives et métacognitives développées par les personnes engagées dans un projet d’autoformation : que se passe-t-il quand un adulte entreprend de s’autoformer ? La démarche des auteurs s’inscrit dans un cadre théorique de conceptualisation de l’action au regard des apports de la didactique professionnelle. Elle est déployée chez les usagers de deux médiathèques de Loire Atlantique en mai et juin 2014, combinant des mises en situation, des observations et une dizaine d’entretiens. L’analyse s’attache à décrire et à caractériser les situations d’autoformation observées à partir de stratégies de prise d’informations en vue de la résolution d’un problème pratique. |
Note de contenu : |
Note de synthèse
Caroline Verzat, Olivier Toutain, Former et accompagner des entrepreneurs potentiels, diktat ou défi ?.
Articles de recherche
Benjamin Saccomanno, Modes d’engagement des stagiaires au prisme des représentations des formateurs
Sophie Pécaud, Marc Nagels, L’autoformation comme activité
Comptes-rendus de lecture
Nathalie Ethuin et Karel Yon (dir.) (2014). La fabrique du sens syndical.
La formation des représentants des salariés en France (1945-2010)
Rachid Bouchareb et Martin Thibault (dir.) (2015). Des restructurations
du travail à l’accompagnement vers l’emploi : individualisation et responsabilisation
France Merhan, Anne Jorro et Jean-Marie de Ketele (dir.) (2015). Mutations éducatives et engagement professionnel
Franck Amadieu et André Tricot (2014). Apprendre avec le numérique. Mythes et réalités |
Permalink : |
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