[n° ou bulletin]
Titre : |
152 - Décembre 2016 - qu'est-ce qu'apprendre? |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Martine Caraglio, Directeur de la recherche ; Philippe Claus, Directeur de la recherche |
Année de publication : |
2017 |
Importance : |
166 p. |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
02. Éducation:30. politique de l'éducation:4. objectif de l'éducation 03. Acquisition des connaissances:20. développement personnel 03. Acquisition des connaissances:30. apprentissage 03. Acquisition des connaissances:40. apprentissage tout au long de la vie 04. Domaines d'enseignement:50. sciences naturelles:4. Neurosciences
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Mots-clés : |
neurosciences apprentissage apprendre apprentissage tout au long de la vie |
Résumé : |
Nous avons tous beaucoup appris, et nous continuons d’apprendre tous les jours, à la faveur de toutes les expériences et situations que nous vivons. Pourtant, la question « Qu’est-ce qu’apprendre ? » est toujours aussi vive pour nous et difficile à appréhender ; elle nourrit ainsi de multiples interrogations, la diversité des objets et des situations d’apprentissage rendant en effet impossible une représentation simple de l’ensemble des processus à l’oeuvre.
Qu’apprend-on exactement à l’école ? Comment apprend-on ? Ces questions alimentent implicitement ou explicitement les termes des débats sur l’enseignement. Une solide connaissance des processus, des obstacles épistémologiques et des conditions favorables à la construction des savoirs paraît aujourd’hui indispensable à la professionnalité des enseignants et constitue un enjeu essentiel de leur formation. Apprendre est au coeur des débats sur l’école d’aujourd’hui et pour certains, au coeur de ses transformations. L’opposition ouverte entre transmission des savoirs comme essence de l’apprendre et apprendre à apprendre comme finalité pédagogique, a-t-elle un sens ? Apprendre n’est-il pas aussi bien acquisition de savoirs que mobilisation des savoirs pour élever son esprit, exercer sa citoyenneté et finalement acquérir et exercer sa liberté ?
Le domaine de l’éducation, les pratiques pédagogiques ont d’abord bénéficié des théories majeures de la psychologie génétique (Piaget), jusqu’aux rapports récents des sciences cognitives. La nécessité de comprendre les processus d’élaboration des savoirs des enfants et des adultes en situation d’apprentissage se nourrit de ces travaux des psychologues cognitivistes sur les processus d’apprentissage tels que les théories du recyclage neuronal1 ou de l’inhibition cérébrale 2. Le concept de réserve cognitive, lié au phénomène de la plasticité cérébrale, montre que notre cerveau n’est pas un organe figé et qu’il évolue tout au long de la vie en fonction des stimulations qu’il reçoit.
Si le but de ces recherches fondamentales – dont le développement est lié à celui des neurosciences et de l’imagerie cérébrale – n’est pas la prescription pédagogique, ces recherches sont cependant essentielles aux enseignants pour comprendre les mécanismes en jeu dans les apprentissages tels que celui de la lecture, de l’orthographe, des langues vivantes ou encore du calcul. La première partie de ce numéro est donc consacrée à une description des processus d’apprentissage par les sciences cognitives. Deux points de vue particuliers et très différents font ensuite transition. La question posée « Qu’est-ce qu’apprendre » renvoie indubitablement à celles de l’envie d’apprendre et de l’appétit de connaissance. Ce désir de savoir est-il l’une des pulsions fondamentales de l’être humain comme le prétendait saint Augustin (libido sciendi) ? Est-il l’expression sublimée de la pulsion sexuelle freudienne ? Le point de vue d’un psychanalyste vient expliquer comment apprendre met en jeu du désir.
Un tout autre point de vue, celui du droit, s’intéresse à la légitimité et à la légalité de l’obligation d’apprendre. Depuis la loi Jules Ferry du 28 mars 1882, l’instruction est obligatoire et s’applique, à partir de 6 ans, à tous les enfants français ou étrangers résidant en France. Cette obligation d’instruction peutelle se confondre avec celle d’apprendre ? Et l’obligation d’apprendre est-elle souhaitable ? Le juriste n’y verrait pas que des avantages, bien au contraire.
Dans une deuxième partie sont interrogées les conceptions des apprentissages qui sous-tendent les injonctions institutionnelles. Les mots et les notions renvoient à des modélisations théoriques différentes : ainsi par exemple, les expressions « lecture mécanique », « lecture courante », « lecture expliquée », « lecture raisonnée », « lecture intelligente », « lecture expressive », ou « lecture accentuée ». Un niveau scolaire et deux disciplines sont regardés à l’aune de leurs programmes : l’école maternelle, les sciences de la vie et de la terre, les langues vivantes. Ces articles mettent en relief les références à des conceptions des apprentissages, ou à celles d’environnements favorables aux apprentissages, inscrites dans des contextes politiques et culturels. Ainsi par exemple, l’adoption du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) a constitué une rupture conceptuelle importante de l’apprentissage des langues.
Enfin, le dernier texte de cette partie interroge les relations qui se nouent entre corps, climat et réussite scolaire. Corps pour apprendre ou corps à apprendre, l’auteur démontre que l’apprentissage ne relève pas seulement du « pur esprit ».
Dans une troisième partie, des interviews réalisées auprès d’enseignants, d’étudiants et d’élèves permettent d’avoir un aperçu de leurs conceptions de l’apprentissage. Quels points communs et quelles divergences entre un professeur d’université, de lycée et un professeur d’école, entre un lycéen de terminale générale ou professionnelle et un collégien ? La lecture de ces « représentations » constituées d’images, de croyances et d’attitudes, montre qu’elles s’enracinent dans l’expérience liée au statut et à la relation de chacun avec l’école, plus que dans des connaissances scientifiques, mêmes parcellaires.
Enfin, la dernière partie de ce numéro s’intéresse à la question de la formation tout au long de la vie, désignée comme le centre des mécanismes de croissance économique et de compétitivité internationale. Quelle nécessaire transformation de la segmentation des parcours et des organisations entre formation initiale et continue ? Dans une économie marquée par la transformation ou la création de nouveaux métiers, par l’accélération de l’obsolescence des compétences, la formation professionnelle continue devient un enjeu stratégique non seulement pour les individus, mais aussi pour les entreprises. Utilisation de nouvelles technologies, assimilation de nouvelles connaissances, adaptation à de nouveaux modes d’organisation (qui requièrent plus de réactivité et de mobilité) : peut-on apprendre tout au long de la vie ?
De nombreux champs de connaissance, de la recherche à la pratique, sont ainsi convoqués pour nous aider à élucider la question « Qu’est ce qu’apprendre ? ». L’histoire de l’efficacité de l’école est en jeu, même si nos élèves apprennent aussi dans des lieux différents, dans des temps différents, avec des adultes différents.
Source d’estime de soi, de réussite et d’insertion sociale mais aussi source de dévalorisation et de tourment, l’apprentissage est une expérience humaine qui n’est pas partagée par tous de la même manière. L’école doit prendre en compte cette variabilité interindividuelle comme elle doit – face à une modernité caractérisée par l’immédiateté et la facilité d’accès à l’information – préserver le temps d’apprendre.
« Oserais-je exposer ici la plus grande, la plus importante, la plus utile règle de toute l’éducation ? Ce n’est pas de gagner du temps, c’est d’en perdre » |
Note de contenu : |
Sommaire du n° 152 - Décembre 2016
Éditorial
Martine CARAGLIO et Philippe CLAUS
Pour une pédagogie scientifique : allers-retours du labo à l’école
Olivier HOUDE
La lecture et le fonctionnement du cerveau pour une « neuropédagogie » de la lecture
Emmanuel AHR
Raisonnement et apprentissages des sciences : résistance cognitive, heuristiques et conceptions naïves
Grégoire BORST
Apprentissages scolaires et non scolaires avec le numérique
André TRICOT
La plasticité : une clé pour les apprentissages langagiers tout au long de la vie
Michèle KAIL
Apprendre, est-ce une question de savoir, de place, d’identité pour l’enfant ?
Jean-Marie FORGET
Variations sur l’existence (ou non) de l’obligation d’apprendre
Amine AMAR
Apprendre à l’école maternelle
Viviane BOUYSSE
Quelles conceptions des apprentissages soustendent les programmes de sciences de la vie et de la terre ?
Dominique ROJAT
Quelles conceptions des apprentissages soustendent les programmes de langues vivantes en France et en Europe ?
Francis GOULLIER
« Apprendre par corps » ou comment associer climat et réussite scolaire
André CANVEL
Entretiens menés par Martine CARAGLIO et Philippe CLAUS
Martine CARAGLIO et Philippe CLAUS
Apprendre tout au long de la vie
Jean-Marc HUART
La stratégie de changement et la question de l’apprentissage tout au long de la vie
Philippe LESOIL
Comment apprend-on ? La recherche au service de la pédagogie
Alain MICHEL
Former à distance, l’expérience de « m@gistère »
Guillaume LION
Quelles conceptions des apprentissages soustendent les évolutions de notre système éducatif ?
Martine CARAGLIO et Philippe CLAUS
Apprendre pour réussir : ensemble ou séparés ?
Catherine MOISAN
Mots de l’éducation
Marc BABLET
Notes de lecture |
En ligne : |
http://www.education-revue-afae.fr/pagint/revue/sommaire.php?id_numero=29 |
Permalink : |
https://car.cafoc-versailles.fr/index.php?lvl=bulletin_display&id=402 |
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